Offrant des programmes en tourisme, en hôtellerie et en restauration, le Collège LaSalle se sent des plus concernés par le manque de main-d’œuvre occasionné par la reprise soudaine et intense de ces secteurs d’activités au Québec.
Pour lancer la discussion, impliquer nos gens et tisser des liens encore plus solides avec le marché de l’emploi, le Collège a invité des acteurs importants de l’industrie à participer à un panel de discussion.
Animée par François G.-Chevrier, directeur général de Événements Attractions Québec, la discussion s’est avérée une source incroyable d’idées, de solutions et de recommandations. Les échanges entre nos 3 panélistes invités étaient à la hauteur de leur expérience:
Étaient aussi invités pour prendre part à la discussion une enseignante en tourisme, Danièle Eltayar, deux étudiantes, Anastasia Chala et Brittany Felde, ainsi qu’un diplômé du Collège, William Lavictoire.
Quand on pense à de meilleures conditions de travail, on pense souvent tout d’abord au salaire. Mais ce que nos trois panélistes invités ont bien compris grâce à leur expérience extensive en tant que gestionnaires, c’est que les réels besoins des employés vont bien au-delà du salaire.
Particulièrement chez la plus jeune génération, les employés recherchent une plus grande autonomie, de la reconnaissance et des opportunités de croissance. Et ça, c’est encore plus difficile à instaurer qu’une augmentation de salaire, car ça demande un changement de mentalité chez les gestionnaires, qui n’ont pas connu ça auparavant et qui doivent donc développer une plus grande flexibilité.
Plus encore, les employés recherchent une meilleure conciliation travail-famille, surtout dans un contexte où les horaires de travail demandent d’être disponible les soirs et fins de semaine. Ceci peut se faire, par exemple, en alternant les fins de semaine de travail des employés, ou encore en instaurant un système, qui fonctionne aussi bien pour les employés que pour les gestionnaires, pour permettre aux employés de s’échanger des quarts de travail.
C’est d’ailleurs un point important pour Brittany qui entrera bientôt sur le marché du travail: «Je ne suis pas une fille qui veut travailler de 9h à 5h. Mais je veux avoir le temps de faire des activités, de voyager, voire même avoir la possibilité de travailler à distance, car je suis aussi intéressée par des tâches plus diversifiées, comme le marketing par exemple.»
Tout comme Brittany, plusieurs ont envie d’être polyvalents et de toucher à plusieurs facettes de ce que leur travail peut offrir. Utiliser le plein potentiel des employés et leur proposer d’effectuer de nouvelles tâches, c’est ce que Xavier appelle la «poly-compétence». Et heureusement, c’est une autre solution au problème de pénurie de main d’œuvre.
Ce concept est toutefois très nouveau dans le milieu du tourisme et, même s’il peut palier à des problèmes de postes vacants, peut entraîner d’autres défis, comme le mentionne bien François.
«Cette réflexion-là [sur la poly-compétence], elle devra impliquer les travailleurs pour ainsi trouver des compromis acceptables. Ce poste multitâche pourrait devenir difficile à promouvoir, car les gens sont habitués avec des descriptions d'emploi assez simples. Mais il faudra se positionner comme l’industrie des multitâches, et ça ne sera pas ennuyeux!»
Malgré cette multitude de bonnes idées, la solution pour les employeurs de l’industrie passe aussi et surtout par le développement de bonnes relations d’affaires avec les institutions d’enseignement, car c’est évidemment par là que passe la main d’œuvre qualifiée avant d’arriver sur le marché du travail.
L’une des solutions clés, que le Collège LaSalle a déjà mis en place il y a quelques années, est l’alternance travail-études, qui permet aux étudiants d’effectuer des stages pendant leur parcours scolaire et ainsi cumuler six à huit mois d’expérience dans leur domaine. Ou encore, l’apprentissage en milieu de travail, disponible au sein du programme Technique en gestion hôtelière, qui intègre véritablement une expérience de travail rémunérée dans le cursus scolaire de l’étudiant avec une supervision de l’employeur et du Collège.
Mais parfois, le fait de voir l’autre côté de la médaille, c’est-à-dire de connaître les réalités des gestionnaires, ça ouvre des possibilités de s’améliorer dans le but de trouver des solutions, que ce soit sur le calendrier scolaire, par exemple.
En effet, François explique que les étudiants ne devraient pas avoir de cours le vendredi après-midi, car les fins de semaine sont toujours des moments achalandés et les employeurs bénéficieraient à ce que les étudiants soient disponibles pour travailler. Aussi, pourquoi ne pas repousser de quelques semaines la rentrée des classes des étudiants en hôtellerie et en restauration? Ceci leur permettrait de travailler pendant tout le mois d’août, car la saison touristique bat encore son plein.
Mais, la responsabilité revient aussi aux employeurs pour maintenir ces liens d’affaires avec les institutions d’enseignement. Ceci peut se faire en allant dans les classes pour parler de leur métier, en collaborant avec les étudiants pour leurs travaux scolaires, en se rendant disponible pour aller recruter des stagiaires sur place, etc.
Et pourquoi pas impliquer également les enseignants? C’est l’une des solutions proposées par Daniele, notre enseignante en tourisme: « Pourquoi ne pas faire un partage de personnel, en tant qu’enseignants, ça nous permettrait de garder un pied dans l'industrie. On est aussi des experts! Et vous [les employeurs], vous devez avoir un pied dans l'enseignement. Il faut qu'on marche côte à côte. »
Après une discussion de plus de deux heures, ce qu’on retient surtout sur nos invités, de même que sur nos enseignants et étudiants, c’est sans aucun doute la passion qui les habite. Le désir de «sauver» le domaine dans lequel ils travaillent est extrêmement fort.
Travailler dans le domaine du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration, c’est beaucoup plus qu’un job, c’est une carrière que l’on bâtit. Et on tisse des relations très fortes avec des gens extraordinaires qui partagent cette même passion.
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